Présentation

Le geste est cette forme invisible qui fait de nous ce que nous sommes, des personnes humaines. Il est souvent plus proche de l’idée que la parole. Cependant, personne n’a encore écrit une histoire du geste. Une histoire qui trouve son origine dans les techniques du corps, en passant par les gestes de manipulation des objets techniques, jusqu’aux usages de la technologie.
La gestothèque propose une première cartographie de ce domaine de recherche en émergence : à quoi ressembleront les mondes de demain ? Mais surtout, dans quel monde voulez-vous vivre ?
Au travers d’exercices de conception de cartes mentales, de chorégraphies, de jeux, de synthèses, vous deviendrez les premiers contributeurs de la gestothèque.

Déroulement

Au cours de ce Mooc, il vous sera proposé une série de questions auxquelles répondront 14 experts pour qui le geste est un objet central.
Chacun des experts explicitera sa méthodologie, ses outils, ses matériaux et détaillera les notions dont il a besoin pour décrire le geste.
Une carte centrale vous permettra de mettre en relation les notions, les domaines et les champs d’études : danse, physique, chant, anthropologie, réalité virtuelle, informatique, philosophie, etc.
Il vous reviendra d’enrichir la gestothèque par une pratique collaborative d’évaluation, pour laquelle il vous sera demandé de produire des synthèses, des dessins, des modes d’emploi, des vidéos, etc.
Vous serez ainsi non seulement invités à mener l’enquête, mais également à tracer les nouvelles lignes de la recherche.

Intervenants

1. QU’EST-CE QU’UNE GESTOTHÈQUE ?

Anne Dubos est anthropologue. Depuis 15 ans, son travail porte sur l’analyse du geste en situation de performance (chant, danse, théâtre). Quel est le rapport entre une danseuse, un télégraphe et un smartphone ? Comment enregistrer des gestes en vue de jouer une phrase chantée ou dansée ? Elle nous amènera à concevoir le geste comme un objet d’étude transdisciplinaire.

2. COMMENT TRANSFORMER SON SMARTPHONE EN LABORATOIRE DE PHYSIQUE ?

Joël Chevier est physicien. Depuis plusieurs années, Joël s’intéresse au smartphone comme outil pédagogique pour l’étude du mouvement. À travers l’analyse de cas concrets, il nous expliquera comment transformer notre téléphone en laboratoire de physique.

SEMAINE 2

3. QU’EST-CE QUE LE TEMPS RÉEL ?

Jean-François Jégo est artiste et maître de conférences en Arts et Technologies de l’Image. À travers le détail de certaines installations d’arts numériques, il nous fera la démonstration de systèmes hybridant reconnaissance de gestes et réalité virtuelle, qu’il a conçus pour des performances et scénographies interactives.

4. QU’EST-CE QUE LA MOTION CAPTURE ?

Rémi Brun est le fondateur du studio MocapLab. Il nous expliquera comment fonctionne la capture de mouvement optique pour le cinéma et le jeu vidéo. Il nous racontera en outre comment il est devenu « ingénieur du mouvement ».

SEMAINE 3

5. L’ÉCHEC DE LA KINÉSIQUE

Yves Winkin est un spécialiste des relations entre communication, culture et société. Il reprendra les points clés de l’histoire des théories de la communication. Tout en nous faisant visiter la galerie des communications du musée des Arts et Métiers, dont il est le directeur/conservateur, il cherchera à nous montrer comment les objets techniques sont intimement liés à un historique du geste ; une relation encore méconnue du grand public.

6. QU’EST-CE QUE LE KATHAKALI ?

Annette Leday est chorégraphe. Depuis plus de 30 ans, elle voyage en Inde et dirige des pièces qui se nourrissent de sa connaissance du Kathakali, théâtre dansé du sud de l’Inde. À travers cet épisode, Annette cherchera à nous transmettre les premiers fragments gestuels du Kathakali, de manière à nous faire comprendre la notion de registre de langue, lié à l’interprétation de cet art.

SEMAINE 4

7. QU’EST-CE QU’UNE QUALITÉ DE MOUVEMENT ?

Frédéric Bevilacqua est directeur de recherche à l’IRCAM. Concepteur de systèmes d’analyse de gestes crées pour la conception de nouveaux instruments de musique, Frédéric nous présentera CoMo, le système de capture de mouvements sonores pour smartphones.

8. QU’EST-CE QU’UN GESTE VOCAL ?

Arnaud Vernet est chanteur et beat-boxer. Il est à la fois auteur, compositeur et interprète d’une musique vocale. Arnaud tentera de nous expliquer ce qu’il entend par « geste vocal ». Il nous initiera également à la pratique du beat-boxing.

SEMAINE 5

9. QU’EST-CE QUE L’ORTHOPRAXIE ?

Jean-Claude Galey est ethnologue et directeur d’études à l’EHESS. Au fil de successifs terrains d’enquête, de l’Afrique à l’Inde, son travail n’a cessé d’interroger les présences et les pratiques non-réflexives, renvoyant à ce qu’il nomme : « l’orthopraxie ». Formule qui permet d’analyser les conduites du sens, et d’aborder le geste comme la plus petite unité de communication d’une société.

10. LA DANSE COMME OUTIL DE RECHERCHE EXPÉRIMENTALE

Hortense Kack est danseuse. Diplômée d’un master en design, elle s’intéresse à la capacité d’inventer et créer de nouveaux gestes pour des interfaces interactives. Lors de cet épisode, Hortense nous parlera de son travail de recherche sur l’art pariétal : comment la danse peut-elle être un outil pour la recherche expérimentale ?

SEMAINE 6

11. QU’EST-CE QUE LA DOUCEUR D’UNE GRUE ?

Jean-Louis Kerouanton est historien des Sciences et techniques. À travers une série d’exemples choisis, il mettra en relief gestes des machines et gestes du corps, non du point de vue de l’ergonomie, mais du point de vue de l’histoire des sciences et des techniques.

12. COMMENT JOUER DE LA MUSIQUE SANS INSTRUMENT ?

Jacques Rémus est artiste et chercheur. Depuis les années 90, il travaille à la conception d’interfaces gestuelles non-haptiques. Il nous expliquera la conception de sa « caméra musicale », née de l’intégration de la « Manorine » dans le logiciel Max/MSP, et inventée en 1982 par Sylvain Aubin.

SEMAINE 7

13. QU’EST-CE QUE LA RELIGION INDUSTRIELLE ?

Pierre Musso est philosophe, spécialiste de la question des imaginaires technologiques et industriels. Pierre cherchera à nous transmettre le sens critique des valeurs véhiculées aujourd’hui par l’industrie, autrefois portées par la religion : que signifie l’efficacité de la main pensante ? Et pourquoi devons demeurer en état d’alerte face aux nouveaux récits et discours sur la technologie ?

14. L’IMMERSIVE LAB : UN DISPOSITIF TECHNOLOGIQUE IMMERSIF

Jan Schacher est chercheur à la Haute École des Arts de Zurich. Il est le concepteur d’un dispositif interactif immersif : l’Immersive Lab. La pratique de l’art numérique et de la recherche en arts lui permettent de s’interroger sur le rôle du corps, de la perception, et de la relation entre art, technologie et culture.