L’école nous a mal éduqués, l’entreprise ne nous a pas aidés
Il m’arrive d’en vouloir à mes anciens instituteurs et professeurs je l’avoue. Et même à mes parents. Ainsi qu’aux ex-profs et aux parents de ceux qui m’entourent. Et je pense que je ne suis pas le seul dans ce cas. Car à l’heure de la recherche d’une certaine efficacité ils sont à la source de tous nos maux qui découlent de croyances non productives comme:
On réussit seul!
A force d’entendre ça on a fini par croire que c’était vrai. Et bien sûr nos ainés ont tellement bien retranscrit ça dans le monde du travail que c’est devenu un must: la preuve de la qualité professionnelle c’est de faire seul! Et quand on ne peut faire seul ? Et bien on ne fait pas, tant pis pour les progrès à coté desquels on passe. Demander l’aide des autres c’est se rabaisser. Ajoutez à cela une bonne dose d’égo et contemplez le résultat. On voulait fabriquer des “Hommes”, des self made men ? On a failli nous transformer en autistes. Merci beaucoup, aujourd’hui on ne peut que constater les dégats.
On ne copie pas!
Erreur didactique ! On nous dit que copier c’est mal. C’est complétement faux. Copier ça peut même être profitable et très bien dans la mesure où ça nous évite de réinventer la roue tous les jours, où cela permet d’utiliser son temps pour améliorer ou innover plutôt que réinventer ce qui a été fait (et souvent en moins bien). C’est tricher qui est mal. Nuance. Mais on ne nous l’a jamais expliqué alors force de tout prendre au pied de la lettre on arrête de prêter attention à ce que les autres peuvent nous apporter. Bien entendu on a dupliqué cela dans le monde du travail et on s’étonne d’avoir les pires difficultés à faire travailler les gens ensemble.
On n’aide pas les autres!
Que l’on punisse les copieurs passe encore. Mais il ne fallait pas non plus laisser les autres copier sur soi. Vous vous souvenez de la manie que l’on avait à l’école de monter une sorte de ligne Maginot autour de sa copie ? Ca n’était pas de peur que le voisin copie, c’était de peur que l’instituteur ou le professeur s’imagine qu’on le laisse regarder. Nuance ! Celui qui aide est aussi condamnable que celui qui triche. L’aide est moralement réprouvée.
On ne parle pas aux inconnus!
Ah un grand classique. Quand on te parle méfie toi et ferme la porte. Bien sûr ce discours est (contrairement aux exemples précédents) empreint de sagesse pour des raisons évidentes de sécurité. Mais trop matraqué sans être expliqué il a une conséquence immédiate: on hésite même à échanger avec des personnes avec lesquelles on est supposé travailler et avec lesquelles on a des objectifs communs affichés.
On ne parle pas de soi!
Parce que ça n’est pas poli. Cependant pour travailler en réseau, être identifié pour son expertise il faut “émettre un signal” qui sera reçu par la collectivité. Combien de fois se rend-on compte qu’un collègue aurait pu nous tirer une épine du pied mais qu’on ne s’est jamais adressé à lui faute de savoir qu’il avait telle compétence ou expérience dans son “portefeuille”. La vie en entreprise, le fonctionnement en équipe, impose d’avoir une attitude proactive, de pratiquer un marketing personnel afin de se positionner en apporteur de solution interne. C’est au bénéfice de l’individu qui se retrouve dans les projets pour lesquels il a le plus de qualités et pour la collectivité qui identifie ainsi les meilleurs pour une mission donnée.
Les entreprises ont évolué selon l’éducation de ceux qui les dirigent. Elles nous ont donc largement confirmé dans nos croyances contre-productives. Ces impératifs font tellement partie d’une “bonne” éducation qu’on les ressent comme des valeurs propres, les abandonner c’est un peu se renier et renier tout un background culturel, familial, social… Les attitudes positives qui aideront l’individu et l’entreprise dans un cadre professionnel ne sont pas tant contre nature que contre de nombreux principes que l’on a gravés dans le marbre dès notre plus tendre enfance.
On tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler!
Ça évite de dire beaucoup de bêtises. Avec comme effet le développement d’une auto-censure qui amène les entreprises à déployer des trésors d’ingéniosité pour essayer de rendre leurs salariés innovants et créatifs. Que de temps perdu.
Et si pour faire collaborer les générations de demain, le travail commençait dès l’école primaire ou le collège ?
En attendant cela nous laisse encore une bonne vingtaine d’années donc il va bien falloir réussir à faire bouger l’existant.
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